Nombreux sont ceux qui parmi vous connaissent les Fleurs de Bach, vous savez sans doute ce que Findhorn veut dire, vous savez qu’il est possible d’ouvrir sa réceptivité à l’écoute de la nature, vous avez votre idée sur ce qu’est la nature et ce qu’elle représente dans nos vies respectives et pour notre humanité, vous avez une vision de l’écologie, peut-être même une pratique active de l’écologie, vous savez ce qu’énergie veut dire, vous souhaitez participer activement à cette époque déstabilisante et en même temps passionnante qui nous pousse à changer nos modes de pensée et de fonctionnement, vous avez envie de trouver un sens nouveau à ce que vous pressentez de la réalité.

Il y a des chances que l’expérience de Perelandra vous intéresse.

Un peu d’histoire….

C’est l’histoire d’une jeune américaine à l’enfance plus que difficile. Machaelle Small Wright est née au milieu des années 40 sur la côte Est américaine. Elle va connaître l’élan des années 60 vers une autre conscience écologique, civique, spirituelle. Elle va vouloir appliquer et vivre concrètement cette dimension. C’est une constante chez elle : tant que l’on ne fait pas l’expérience, on ne sait rien.

Elle s’installe avec son compagnon de vie en Virginie en 1974, à l’Ouest de Washington. En 1976, elle découvre Findhorn et se rend compte que cette expérience est majeure. Elle veut avancer dans cette voie et d’elle-même se lance dans l’aventure : connaître les Intelligences de la nature et fonctionner avec elles dans son jardin.

Elle avoue qu’à l’époque elle n’avait pas la moindre idée de ce en quoi pouvait consister cette connaissance, quelles expériences elle pourrait être amenée vivre, tout était à découvrir pour elle, tout était à expérimenter. Outre le talent qu’a Machaelle Small Wright pour ce genre d’aventure, elle a aussi le don de l’organisation, une rigueur toute scientifique, une grande honnêteté, et elle sait rire. Mais ce qui est très précieux pour nous, c’est qu’elle a consigné consciencieusement tout ce qu’elle a vécu.

Il s’agit de quoi ?

La réalité est animée par différents plans de conscience. La nature est un groupe de conscience en charge de la forme. Tout ce qui est doté d’une forme (cela inclut les arbres, les voitures, les mots, ce texte) relève de la nature. Et la nature écoute ce que nous les humains désirons manifester. Elle nous écoute avec beaucoup d’attention pour nous donner tous les éléments de réponse correspondant à notre demande. C’est valable pour un potager, un poulailler, un travail manuel ou de recherche scientifique, faire un gâteau ou fonder une famille, partir en voyage ou écrire un livre.

En fait, nous passons notre temps (c’est sans doute notre moteur instinctif) à imaginer, à avoir envie, à souhaiter ou désirer, à vouloir réaliser. Peu ou prou, nous consacrons une grande part de nous à cette activité. Et à chaque fois, pour la nature, nous activons un « jardin », c’est-à-dire que nous voulons que la réalité se module pour que notre envie puisse prendre forme, cette forme que nous voulons choyer, entretenir, qui vivra avec nous, qui habillera notre vie. Vous vous rendez sans doute compte que TOUT dans notre vie peut être compris comme un jardin, que même notre vie peut être vue comme cela. Tout ce que nous vivons est la réponse à une demande qui ne concerne que chacun d’entre nous, nous sommes les jardiniers de notre vie. Nous sommes entendus

Machaelle Small Wright en a fait l’expérience avec son potager. La nature et elle ont fonctionné en partenaires pour créer ce jardin, le développer dans un équilibre dont la nature est le maître mais dont l’humain est l’acteur, toujours dans le respect de la demande initiale de MS Wright : elle voulait que son jardin fut le laboratoire de recherche sur la relation avec les intelligences de la nature.

Et pour chacun de nous…

Je vous le disais plus haut, Machaelle est très douée pour expérimenter et elle sait prendre des notes scrupuleuses. Cela nous donne accès au fruit de sa pratique. Il ne faut pas être doué de talents particuliers pour se lancer. Il convient d’en avoir envie, sincèrement, et de s’y mettre.

Si vous en avez envie, retenez quelques points clés :

. il vous faudra apprendre à pratiquer le test kinésiologique (ou le pendule ou tout moyen qui puisse vous donner confiance dans la qualité de la réponse que vous allez percevoir : oui ou non).

. définir clairement votre intention.

. apprendre à poser des questions simples qui se résolvent par oui ou par non.

. accepter les réponses qui vous sont données.

. jouer le jeu des réponses (des fois, ce n’est pas simple, surtout quand la réponse semble aller à l’encontre de vos convictions…).

. comprendre aussi simplement que possible votre rôle de partenaire de la nature (relation d’égalité, complémentarité, respect, éthique), observer, apprendre, vous étonner (ça ce n’est pas difficile), remercier, progresser, élargir votre champ, bref faire grandir votre jardin.

Tous ceux qui se sont lancés le font d’abord pour eux-mêmes, quand ils se sentent prêts pour cela, à leur rythme, à propos de ce qui les concerne. Nous ne sommes pas dans une école de pensée, nous sommes dans des apprentissages personnels de ce que nous ressentons de la réalité.

Mais cette expérience exceptionnelle nous attend à chaque ondulation de notre vie. Parfois, souvent même, nous la mettons en jeu sans nous en rendre compte. MS Wright nous aide à élargir notre capacité d’attention, à structurer notre mode pensée pour donner plus de force et d’équilibre à cet élan si humain.

François Deporte

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 PERELANDRA

Œuvrer avec la nature

Notre époque est révolutionnaire. Au sens propre. Tout tourne, tout bascule. Sensation de vertige et de chaos. Ce que nous pensions acquis se délite. Nos repères disparaissent. Nos croyances aussi et notre regard sur ce que nous sommes dans cette réalité se transforme.

Dans ce tumulte ressenti avec force par bon nombre d’entre nous, la demande omniprésente est celle du sens. Vers quelle logique, vers quelle intelligence se tourner ? La technologie, le progrès matériel, la prospérité économique, l’ordre social, la hiérarchie financière, la conscience religieuse, l’écologie, l’éducation, tels que définis à ce jour ne répondent plus à nos besoins de cohérence. On aimerait essayer d’y croire mais, las, chaque édifice semble être fait de sable et montre cruellement ses limites.

Il y a pourtant des gens sur cette terre qui ont mis leur foi en la vie dans des chemins personnels, chemins forcément aventureux et souvent solitaires mais explorants et révélateurs, des pionniers. C’est le cas de cette américaine très contemporaine, Machaelle Small Wright. Elle vit en Virginie, où se situe son jardin connu sous le nom de Perelandra, depuis le milieu des années 70. Elle y explore la relation avec les intelligences de la nature.

Ce fut son désir. Ce qu’elle vit est original, mais non totalement neuf. D’autres l’ont vécu. Il n’y a qu’à lire les ouvrages de Peter Tompkins et Christopher Bird (très difficiles à trouver en français malheureusement), les textes sur Findhorn, l’aventure de Michael Roads, Castanéda, les grands textes spirituels indiens et toutes nos traditions culturelles mythologiques (les légendes de la Grèce antique, les classiques latins…) Rudolph Steiner, Goethe…(et je dois en oublier plein, pardon à tous ceux que je ne connais pas) pour se rendre compte que nous baignons sans le savoir dans cette « magie » et que nous l’utilisons en pleine innocence inconsciente sous de multiples aspects.

Ce que Machaelle Small Wright a apporté, c’est une structure, un mode opératoire. Cette femme a, dès ses débuts, pris en note tout ce qu’elle vivait. Quand elle a commencé à recevoir des informations, elle a voulu pour sa propre éducation à cette dimension enregistrer tout ce qui alimentait son quotidien dans cette relation. Il en ressort une technique applicable par qui sait lire et aurait envie d’en explorer le chemin.

Le principe est attaché à la compréhension de quelques termes :

. l’humanité – chacun d’entre nous – nourrit par ses propres désirs, intentions, buts objectifs, envies, le mouvement évolutif de la réalité dans laquelle elle s’inscrit. Toutes nos « prières » sont entendues. Imaginons, essayons d’imaginer, la puissance de l’intelligence capable d’entendre toutes nos intentions, grandes et petites, et d’y répondre…

. la nature, au-delà de ses manifestations physiques que sont l’eau, la terre, l’air, les arbres etc., est un immense groupe de conscience dans l’univers qui s’occupe de tout ce qui est forme, c’est-à-dire tout ce qui est doté d’ordre, d’organisation et d’énergie vitale. Un potager est une forme, tout comme un ordinateur, une fourchette, un mot, une émotion, une famille. La nature est une intelligence qui rend possible la forme. C’est elle qui en dessine la structure, le schéma d’organisation en tenant compte de toutes les composantes de la demande et qui fournit les éléments de réponse. Toute forme est dotée d’intelligence parce que toute forme est l’expression d’une intelligence. Ce qui permet de communiquer avec cette intelligence à propos de la forme.

. un « jardin », aux yeux de la nature, est une réalité qui répond exclusivement et exactement au désir d’un humain, à sa capacité à s’en occuper et c’est la nature qui apporte tous les éléments de réalisation de ce « jardin ». Le jardin n’existe que si un humain en a fait la demande et la nature répond exactement à cet appel à travers la forme. Un « jardin », c’est un espace dont les éléments viennent tous de la nature (on n’y échappe pas, on n’invente pas de substance qui ne puisse venir de la nature, même si le résultat n’est pas écologiquement acceptable) et dont l’agencement correspond à notre demande. La nature ne crée pas de jardins, nous demandons à ce que des « jardins » existent pour répondre à nos désirs.

La réalité a mis en équilibre une incroyable globalité, complexe, infiniment riche et diverse où se côtoient chaos et harmonie, et nous explorons tous les possibles par notre imaginaire (nous créons tous les jardins que nous voulons voir naître, nous explorons la réalité, la capacité de création) ce qui provoque l’émergence de nouveaux agencements qui s’inscrivent dans la manifestation en place avec plus ou moins de facilité pour nous.

 . l’équilibre : le principe même de la nature est l’équilibre. Tout ce qu’elle fournit comme éléments de réponse à la demande de réalisation est basé sur l’adéquation à la demande pour qu’il y ait équilibre, force et stabilité dans le « jardin » devenant réalité et dans sa relation à l’environnement le plus large. Et ce sans jugement de valeur. La nature ne juge pas la qualité de la demande, elle répond à la demande. Ceci dit, elle est la forme et son équilibre. Elle perçoit ce en quoi une nouvelle forme est source d’harmonie ou non. Elle sait si le jardin à venir s’inscrit dans le mouvement et améliore l’état d’équilibre ou le perturbe. Ce n’est pas seulement une notion de forme matérielle, c’est aussi une notion de temps (le timing), d’intention en tant qu’énergie émotionnelle, mentale, spirituelle (des dimensions concrètes que la nature intègre dans son processus de mise en forme).

Le temps est une dimension extrêmement importante : ce qui peut trouver sa juste place à un moment donné peut provoquer des désordres si le désir est exigé par l’intention de l’humain en un temps plus court.

 

 . le partenariat entre la nature et l’humain est basé sur l’équilibre entre élan créateur et puissance de réalisation. Partenariat signifie compréhension des rôles pour que chaque protagoniste puisse assumer sa part. Nous fournissons l’énergie d’impulsion, la nature nous donne les moyens correspondants. 

La nature exprime clairement la nécessité dans laquelle se trouve la réalité que nous, les humains, assumions notre rôle et que nous prenions conscience de notre impact sur elle. Nous sommes devenus très nombreux sur Terre. Ce ne serait pas bien grave si nous avions développé en nous sagesse et conscience. Mais voilà, nous avons voulu, souhaité, tout ce que nous vivons et nous sommes exaucés, en agréable comme en abominable. Nos technologies peuvent rendre possibles bien des choses sympathiques mais aussi être notre ruine et notre destruction. Sans parler de nos rêves humains de puissance, de pouvoir, de nos frustrations, nos peurs et nos colères, de nos intentions de destructions comme nos aspirations à faire bouger le monde avec des tonalités pour le moins contradictoires. Nous continuons à fonctionner comme si nous étions des enfants gâtés par une réalité dont le seul but serait de satisfaire des visions égocentriques. Sept milliards d’intentions divergentes à chaque instant qui se chevauchent, changent et brouillent le signal de notre humanité.

Notre conscience s’est rétrécie pour ne garder que la satisfaction de nos besoins, où ce que nous considérons comme tel. En nous séparant de la globalité, nous créons un risque de rupture que la nature ne peut rattraper toute seule parce que notre énergie créatrice désorientée rend de moins en moins compatibles les différents besoins d’équilibre. En fait, nous ne fonctionnons pas dans une vision d’équilibre, nous fonctionnons encore dans une dynamique de domination et de dominés. Je sais, cela bouge, cela craque un peu partout, de plus en plus de gens sur tous les plans aspirent à une autre expression de l’humanité, mais les freins restent nombreux et le moment n’en est que plus délicat.

Percevoir le partenariat avec la nature, c’est aussi le vivre entre humains, tant au niveau de l’individu que des groupes et nations. Etre partenaire, c’est reconnaître l’autre dans sa différence et mettre en commun une vision où chacun participe individuellement et globalement. C’est surtout quitter la notion de dominant-dominé qui a prévalu depuis si longtemps et a structuré nos sociétés. Ce n’est pas simple entre nous, mais l’envisager dans notre relation avec la nature demande un petit effort supplémentaire.

Avons-nous le choix ? Oui, toujours. On choisit toujours. Mais les conséquences sont nôtres. Pas comme une punition. Mais comme l’enchaînement logique des choix que nous opérons. A nous de modifier notre regard et nos intentions. D’où œuvre de conscience.

Le point important est que toutes nos demandes sont entendues. Une amie me disait il y a peu à propos de son projet professionnel : « J’ai très envie de m’engager dans une démarche d’enseignement sur l’agriculture bio, j’ai envie de transmettre avec un potentiel d’insertion de travailleurs handicapés, je souhaite que les gens qui viendront sentent leur capacité à l’autonomie, mais tu comprends avec ce qu’il se passe en ce moment, ça me paraît difficile, les conditions ne sont pas propices ! ». Comprenez bien que l’univers entend le « ce n’est pas possible maintenant », comme s’il y avait un élan que l’on sabordait instantanément. Donc, il ne peut pas se passer quelque chose à moins de modifier notre demande en installant la confiance. Nos émotions sont nos alliées pour le ressenti et nos ennemies pour les blocages qu’elles engendrent.

Les réponses de l’univers sont incroyablement originales. Si nous voulons atteindre un objectif, reconnaissons que nous ne sommes pas maîtres des moyens qui sont l’œuvre de la nature. La réponse (ou les réponses) sera émise en rapport avec la demande à travers l’expression du besoin d’équilibre de la nature. A y regarder de près, même si cela semblera curieux, nous saurons découvrir la justesse de la réponse qui n’aura peut-être pas l’allure de ce à quoi on pouvait s’attendre. C’est à cette justesse qu’il convient de prêter attention et alors, nous pouvons utiliser les outils qui nous sont offerts. Cela revient à dire que notre ouverture intérieure et notre attention sont des atouts majeurs. Puis vient le moment où nous utilisons ces informations et outils pour concrétiser. C’est la confiance et la foi.

 

Machaelle Small Wright nous donne, dans la continuité de ses prédécesseurs, des modes opératoires pour communiquer avec la nature et faire aboutir ce à quoi nous prétendons. Vous me direz qu’on le fait tous les jours. Vrai. Mais la petite différence, c’est qu’en connaissant mieux les règles du jeu, on devient plus attentif, responsable, cohérent.

 François Deporte